Un parcours pluriel, linguistique et transatlantique
Partagée entre son désir d’une carrière militaire et sa passion pour la littérature et la musique, Isabelle Collombat prépare le concours de de Saint-Cyr dans les classes préparatoires littéraires du Prytanée National Militaire de La Flèche ; elle intègre Saint-Cyr, mais confrontée à un sexisme omniprésent, parfois agressif, qui lui paraît incompatible avec le sens du collectif qu’elle pensait y trouver, elle quitte la grande école d’officiers et poursuit son cursus à l’université de Tours pour étudier les lettres modernes. Elle décide ensuite de mettre à profit sa connaissance du russe et de rejoindre la marine nationale, où elle servira pendant dix ans en qualité d’officier d’état-major.
Isabelle Collombat lève l’ancre et met le cap sur le Canada. Elle tombe en amour avec Québec – un coup de foudre qui s’étend sur 18 années, durant lesquelles elle poursuit à l’Université Laval des études de traduction professionnelle, puis de traductologie. Pour financer son doctorat, elle signe la traduction d’une dizaine de romans policiers et, membre de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), exerce comme traductrice en pratique privée. Par ailleurs, elle enseigne la traduction à l’Université Laval où, en 2005, son doctorat en poche, elle est recrutée comme professeure.
En 2016, elle obtient un poste d’enseignante-chercheuse à l’ESIT : elle retourne donc en France et intègre l’école en tant que professeure des universités, avant d’en prendre la direction en 2020.
Les nouvelles valeurs de la traduction
Au cours de notre entretien, Isabelle Collombat évoque le sentiment d’impuissance qui la saisit parfois face à la brutalité du monde actuel. Toutefois, hors de question pour elle de céder à une quelconque forme d’immobilisme : elle entend bien mettre à profit son rôle de directrice pour agir en accord avec ses principes et ses valeurs. Nous avons toujours connu notre marraine comme une fervente défenseuse du féminisme et de l’écriture inclusive, et l’avons vue maintes fois afficher son désaccord avec l’Académie française et les conventions d’un autre temps – des convictions qui font très souvent écho aux aspirations et aux valeurs de ses étudiant·es. Isabelle Collombat trouve une grande richesse dans les différences intergénérationnelles, qu'elle considère comme une occasion privilégiée d’apprendre et d'évoluer.
Son rôle de directrice lui confère une responsabilité de taille, nous explique-t-elle, la responsabilité de se mettre au service des autres. Au-delà de la relation de confiance qu’elle crée avec les élèves, elle tient à instaurer un climat de bienveillance parmi les membres de l'administration, ainsi qu’à constituer une équipe pédagogique partageant ses valeurs.
S’engager au sein de l’ESIT et au-delà
Si Isabelle Collombat s’attache à transmettre aux élèves de l’ESIT les exigences de la profession, elle ne réduit pas l’apprentissage de la traduction à son simple aspect technique. Le développement des compétences personnelles et la pratique de la bienveillance font partie intégrante de sa méthode d’enseignement.
Elle poursuit cet engagement en dehors des murs de l’ESIT, en tant qu’élue du conseil d’administration du Petit Pausailleur, la ferme d’animation qui accueille sa fille autiste. Les structures telles que celle-ci, qui reçoit des personnes en situation de handicap âgées de 5 à 25 ans, se font rares, nous explique-t-elle. Elle tient donc tout particulièrement à participer activement à son bon fonctionnement et à sa pérennité.
Isabelle Collombat souligne également l’importance d’un engagement collectif pour la sérénité des ancien·nes, dont la société ne veut plus prendre soin : elle s’occupe ainsi de ses parents âgés, un choix souvent invisibilisé qui représente pourtant une véritable prise de position politique et humaine. Pour elle, la solidarité et l’entraide sont des valeurs clés qu’il faut protéger à tout prix.
Modèles et inspirations
Forte d’un parcours pluriel aux multiples facettes, Isabelle Collombat a croisé sur son chemin de nombreux modèles, positifs ou non, qui l’ont conduite à devenir celle qu’elle est aujourd’hui. Le Québec apparaît comme une étape charnière de sa vie, puisqu’elle y a découvert le plaisir de traduire, la stimulation intellectuelle de la recherche et la joie d’enseigner. Son credo, hérité de ses parents, dont elle tient aussi une passion immodérée pour les dictionnaires : cultiver activement et partager immodérément le bonheur de faire et de vivre ce que l’on aime.
« Lorsque l’on est porté·e par quelqu’un, on a envie de porter les autres ensuite. » Cette idée de transmission résonne tout particulièrement en nous. Nous n’oublierons jamais le soutien dont nous avons bénéficié depuis la création de SKS Traduction, et c’est pourquoi il nous tient à cœur de partager avec vous le portrait de celles et ceux qui nous ont inspirées. Nous remercions Isabelle Collombat pour les valeurs qu’elle porte au sein et au-delà des murs de l’ESIT, mais aussi pour le soutien et la bienveillance qu’elle nous a témoignés et qu’elle continue de transmettre aux générations futures.
Un grand merci à notre marraine pour cet entretien !